Observations :
Politique de mutualisation régionale des plateformes de La Poste
Nous avons tous constaté la politique de liquidation des agences de proximité de La Poste (Nice-Thiers cédée à Chronopost, mise en location de Nice Wilson, etc,..)
De même que la disparition des 10.000 m2 du centre de tri postal de Nice aéroport. M. Gilles BERTAINA de la direction régionale de Fréjus convient que « le volume courrier a fortement chuté » et que la recherche d’un terrain équivalent dans les A-Mmes ne se justifiait pas, l’activité a donc été transférée sur la plateforme de Toulon qui a bénéficié d’une extension de 4.000 m² et 50 postes supplémentaires pour assurer cette mission, cela(…) « sans pénaliser la distribution du courrier traité depuis Toulon », rassure Gilles BERTAINA.
A cela s’ajoute la construction dans le Var d’une vaste plateforme de 12.000 m² qui assurera la distribution des colis du Var et des Alpes-Maritimes, actuellement traités dans le Vaucluse.
Cette mutualisation régionale des plateformes de La Poste nous semble parfaitement cohérente.
Dans le même temps, et à notre grande satisfaction, la métropole NCA a décidé de s’engager dans une démarche de « ville perméable »
Face aux effets du changement climatique et à l’intensification des pressions urbaines, la Métropole et ses partenaires ont engagé une stratégie audacieuse qui repense notre relation à l’eau et aux aménagements urbains.
Dans un contexte méditerranéen spécifique, entre mer et montagne, la ville perméable devient un véritable levier d’adaptation pour créer des îlots de fraîcheur, améliorer le cadre de vie, prévenir les risques de crues, et renforcer la résilience du territoire.
Depuis 2022, la régie Eau d’Azur pilote l’intégralité du petit cycle de l’eau pour mieux gérer les eaux pluviales et réduire les eaux claires parasites. Cette gestion intégrée permet de faire de notre métropole une ville éponge, plus résiliente et plus vivable.
Objectif : faire de l’eau une priorité en permettant son infiltration, en désimperméabilisant les sols, et en aménageant des espaces publics résilients
Mais, compte tenu de ces bonnes intentions, comment justifier le projet de PLATEFORME DE LA POSTE, dans la zone particulière sensible de Lingostière dans la basse vallée du Var?
Le dossier de construction de la plateforme logistique de La Poste à Nice présente plusieurs défauts et des lacunes importantes au niveau hydraulique, urbanistique et environnemental.
Principaux points critiques relevés :
- Gestion des eaux pluviales et risques d’inondation :
- Sur une parcelle de près de 21.000 m² dans une zone d’urbanisation dense et inondable, le projet ne prévoit aucun rejet de ses eaux pluviales dans le réseau métropolitain. Pourquoi ? La lutte contre le ruissellement et la pollution de la nappe phréatique sont indispensables
- Près de 14 500 m² de remblais sont prévus dans le lit majeur du Var, infraction potentielle aux normes environnementales concernant les cours d’eau.
- La modélisation hydraulique de l’impact du projet montre des lacunes, notamment dans l’analyse des crues exceptionnelles et centennales. Le vallon de Lingostière est absent des études. Pourquoi ?
- Malgré les compensations proposées (remblais, imperméabilisation), une analyse plus approfondie et des mesures de transparence hydraulique sont indispensables.
- Le projet touche à plusieurs objectifs du SAGE, comme la gestion des risques de crue, la préservation de la ressource en eau, l’augmentation du risque de pollution de la nappe alluviale. Leur prise en compte est insuffisante.
- Biodiversité et espaces naturels :
Le projet affectera des zones écologiquement sensibles, notamment les habitats d’espèces protégées. La gestion de l’impact sur la faune et la flore est insuffisante et nécessite une étude plus approfondie - Urbanisme et enjeux à moyen terme :
- L’implantation de ce projet est totalement incohérente dans un secteur prévu en transition vers une zone d’espaces verts publics, avec l’objectif de préservation pour les générations futures, et des enjeux qui pourraient évoluer vers davantage d’espaces agricoles et naturels.
- Alors que la basse vallée du Var était historiquement une zone de maraichage particulièrement riche, seule activité compatible avec les crues de ce fleuve à caractère torrentiel, la politique d’urbanisation dense engagée avec l’OIN Ecovallée a dangereusement dégradé la capacité d’autonomie alimentaire de NCA, et l’imperméabilisation des sols a aggravé le risque inondable. Ce projet s’inscrit dans ce même schéma.
- Pollution et impact sanitaire :
Avec son implantation dans une zone d’activités de plus en plus dense, les besoins de transport générés par ce projet vont aggraver le taux de pollution atmosphérique, notamment aux particules fines, subie par les populations de la vallée, avec un impact sanitaire désastreux (maladies cardiovasculaires, respiratoires, neurologiques, cancers, décès prématurés)
- Vulnérabilité aux phénomènes extrêmes :
En raison des insuffisances de l’étude de l’impact hydraulique, un complément est indispensable pour répondre aux besoins de transparence hydraulique, de modélisations des scénarios de crues et des impacts résiduels sur une zone d’urbanisation de plus en plus dense programmée par l’OIN. Demande de régularisation du dossier
Malgré quelques mesures compensatoires, des défauts subsistent, notamment dans la gestion du risque inondable, l’impact sur la biodiversité, et la prise en compte du changement climatique et des phénomènes extrêmes. Le dossier incomplet ne répond pas aux exigences légales et environnementales.
En conclusion,
Par sa pression urbaine supplémentaire, ce projet compromet la démarche de « ville perméable » engagée par la métropole NCA et sa volonté de reconsidérer sa relation à l’eau et aux aménagements urbains.
De plus, le dossier tel que soumis à l’enquête avec ses incohérences et insuffisances, est en totale contradiction avec la politique de mutualisation régionale de ses plateformes développée par La Poste.
Comment justifier ce projet, hormis une simple opération de valorisation du capital immobilier de La Poste ?
Dans ce cas, non seulement le projet ne répond pas à un intérêt public, mais il aggrave les risques inondables et la qualité de vie d’une zone déjà lourdement impactée,
En conséquence l’association France Nature Environnement Alpes-Maritimes conteste le projet dans son principe et ses conditions de réalisation.
Cagnes sur Mer, le 31 mars 2025
Pour le Conseil d’Administration